Un écrin d’architecture

Une visite complète de Paris promet, à elle seule, de (re)découvrir la quasi-totalité de l’histoire de l’architecture… du monde entier ! Des Arènes de Lutèce à la Mosquée de Paris, du Louvre au Centre Pompidou, de la cathédrale Notre-Dame à la Grande Bibliothèque, le voyage est passionnant ! Voici un tour d’horizon des grands courants de l’architecture visibles dans la capitale, en une visite éclair proposée par Flora Auvray qui exerce l’architecture d’intérieur à Paris.

Vestiges antiques et médiévaux

Les constructions les plus anciennes de Paris datent de l’époque gallo-romaine : il s’agit des Arènes de Lutèce et des Thermes de Cluny, situées dans le Quartier… Latin, bien sûr ! C’est, en effet, sur et autour de la Montagne Sainte-Geneviève (plutôt une colline…) que l’antique cité de Lutèce a vu le jour. Elle s’étend le long de la Seine jusque dans les Îles de la Cité et Saint-Louis, où l’habitat se densifie avec les siècles. Au Moyen-Âge, sont édifiés la Cathédrale Notre-Dame-de-Paris, la Sainte-Chapelle, la Conciergerie, l’église Saint-Germain-des-Prés, la Tour Saint-Jacques et la forteresse du Louvre, dont les murs d’enceinte ont été redécouverts dans les années 80, lors des travaux du Grand Louvre.

Du Marais aux Tuileries…

Le Marais réserve aux amoureux de la Renaissance, mais aussi des styles baroque et classique des 17e et 18e siècles, les plus belles visites et promenades contemplatives, de l’Hôtel de Ville à l’Hôtel Carnavalet, en passant par l’Hôtel de Sully et la Place des Vosges. C’est, en effet, dans ce quartier cossu de la Rive Droite qu’ont été construits les plus beaux hôtels particuliers de ces époques successives… Et les plus beaux jardins à la française. Remercions les architectes exceptionnels de ces Temps Modernes pour les toitures vertigineuses et les façades richement ouvragées du Louvre, ainsi que pour les perspectives étourdissantes du Jardin des Tuileries !

Architecture royale et monuments napoléoniens

Sous les règnes de Louis XIII, Louis XIV et Louis XV, les dômes et coupoles se multiplient dans Paris, de l’Institut à La Sorbonne, des Invalides au Panthéon… Après la Révolution Française, Napoléon 1er donne à Paris une empreinte architecturale forte : il est, en effet, à l’initiative de la construction des arcades de la rue de Rivoli, de l’Arc de Triomphe, du Palais Brongniart, de l’église de La Madeleine, de la Colonne Vendôme, de l’Arc du Carrousel… Plus tard, c’est sous la Monarchie de Juillet puis le Second Empire que naissent la Gare Saint-Lazare, Le Bon Marché, l’Opéra Garnier, l’église Saint-Augustin.
Architecture Style Haussmanien

L’empreinte du baron Haussmann

Au cours du 19e siècle, l’architecture parisienne adopte progressivement son visage actuel, sous l’effet d’une population en forte croissance, de l’apparition des « faubourgs » et, surtout, du percement, de 1853 à 1870, sous l’égide du baron Haussmann, de larges et longues avenues visant à moderniser la ville. C’est ainsi que de nombreux immeubles parisiens se construisent dans un style « haussmannien » très prisé aujourd’hui : en pierre taillée, coiffés de toitures en zinc et ornés de balcons en fer forgé, ils sont dotés intérieurement, dans les étages « nobles » de leurs niveaux intermédiaires, de beaux et vastes appartements. Encore aujourd’hui, les espaces de ces immeubles, aménagés en logements ou en bureaux, doivent leur cachet à de hauts plafonds moulurés, de vastes pièces revêtues de parquets en chêne et d’élégantes cheminées.

Prouesses techniques et esthétiques

Au tournant du 20e siècle, Paris poursuit son évolution architecturale en absorbant tour à tour les différents courants et styles de l’époque. L’Art Nouveau vit toujours, aujourd’hui, dans les entrées du métro dessinées par Hector Guimard, sous la somptueuse coupole des Galeries Lafayette, en l’église Saint-Jean-de-Montmartre et jusque sur les façades de plusieurs immeubles remarquables, dans les rues La Fontaine (16e arrondissement), d’Abbeville (10e), Vavin (6e) et l’avenue Rapp (7e). Nés à la même époque, la Tour Eiffel, le Grand Palais et le pont Alexandre III témoignent, de leur côté, des progrès techniques de cette période. Les ascenseurs se déploient dans les immeubles luxueux, les hôtels, les grands magasins… La modernité poursuit son chemin !

De l’Art Déco au béton fonctionnaliste

Les années 30 voient apparaître l’architecture Art Déco qui, rectiligne et épurée, se fond très harmonieusement dans le décor parisien. En témoignent les Palais de Tokyo et de Chaillot, mais aussi le Palais de la Porte Dorée et le cinéma Le Grand Rex, tout comme de nombreux immeubles des faubourgs. Puis, les années 50, 60 et 70 voient construire, sur le modèle des architectures de Le Corbusier, Auguste Perret puis Oscar Niemeyer, de nouveaux édifices en béton recherchant le plus parfait des fonctionnalismes et relevant de nouveaux défis techniques. En témoignent la coupole en béton du CNIT à La Défense, le siège de l’UNESCO, la Maison de la Radio, la Tour Montparnasse…

Les « grands travaux » des années 80 et 90

Dans la lignée du président de la République Georges Pompidou qui engage, dans les années 70, la construction du Centre Pompidou, le président François Mitterrand et son ministre de la Culture Jack Lang lancent, dans les années 80, de grands projets d’architecture emblématiques : le nouveau Musée du Louvre et sa Pyramide voient le jour, ainsi que la Grande Arche de La Défense, l’Opéra Bastille, la Cité des Sciences et de l’Industrie, la Grande Bibliothèque, l’Institut du Monde Arabe…
Immeuble Novancia, angle de la rue Armand Moisant Paris 15ème - Architecture Studio.

Vers une architecture parisienne « durable »

Les derniers grands projets parisiens, le Musée du Quai Branly et la Philharmonie, témoignent de la constante vivacité de l’architecture dans la capitale. De nouveaux enjeux, néanmoins, se dessinent pour cet art complexe et exigeant : le respect de l’environnement, la lutte contre le réchauffement climatique, la défense de la santé et du bien-être des citadins sont devenus des objectifs incontournables. L’heure est venue de raccorder plus étroitement les projets d’architecture à la volonté d’améliorer le cadre de vie des Parisiens. L’architecture d’aujourd’hui et de demain se doit donc de réserver une plus grande place à la végétalisation des espaces, aux économies d’énergie, à la diminution des déchets. Pour un Paris encore plus beau… Et plus durable !
Villa M, 24-30 boulevard Pasteur Paris 15ème - Architectes Guillaume Sibaud & Olivier Raffaëlli et Philippe Starck

Villa M,  24-30 boulevard Pasteur Paris 15ème - Architectes Guillaume Sibaud & Olivier Raffaëlli / Philippe Starck