Une chapelle pour les artistes...

Lorsque l'on se promène autour de Lille, il y a beaucoup à découvrir, la villa Delcourt de l'architecte américain Richard Neutra (bâtiment privé), la célèbre Villa Cavrois (j'y reviendrais dans un prochain article), le magnifique musée de la Piscine à Roubaix... Mais on peut passer à côté d'un autre lieu admirable, car moins connu, moins spectaculaire, et pourtant...

De l'extérieur, la Chapelle Sainte-Thérèse-de-l'enfant-Jésus et de la Sainte-Face située à Hem, à quelques kilomètres de Lille, ne paye pas de mine !

On découvre en arrivant un simple bâtiment en brique, pouvant faire vaguement penser à une grange. Seul le campanile signale son identité. Un auvent décoré d'une mosaïque en marque l'entrée.

Une oeuvre d'art total

Cette chapelle de style moderne, a été construite en 1956 à l'initiative et avec le mécénat de l'industriel roubaisien Philippe Leclercq qui a eu la volonté de créer une oeuvre à la fois artistique et spirituelle. Il fit appel à différents artistes pour créer une oeuvre d'art total.

L'architecte suisse Hermann Baur, connu notamment pour avoir construit de nombreuses églises en Suisse, en Allemagne et en France, en est l'auteur.

L’œuvre de Hermann Baur fut marquée par les tendances novatrices de l’architecture des années 1920 comme celle - entre autres - de Le Corbusier. On dit de Baur qu'il imposa une grande noblesse à des constructions humbles, dépourvues de décor.

Le bâtiment est en effet d'une grande sobriété dans sa forme, mais l'architecte fut accompagné par de nombreux artistes pour créer une véritable synthèse des arts.

Les deux impressionnants murs de lumière sont dûs au peintre et maître verrier Alfred Manessier. Ils symbolisent la vie de Sainte-Thérèse. Les couleurs y ont une puissante symbolique ; le rouge pour la souffrance, le violet pour la spiritualité, le jaune et le blanc pour la lumière et le bleu pour la vie.

 

La tapisserie de la "Sainte face" d'après Georges Rouault saisie dès que l'on entre dans le bâtiment. Elle a été tissée par Jacques Plasse et Bilou Le Caisne.

Ce couple de tisserands réalisa de nombreuses tapisseries monumentales d’après des oeuvres de peintres de l'école de Paris. Ils travaillèrent également pour la Présidence de la République ainsi que... pour la reine d'Angleterre !

C’est une longue collaboration amicale qui liera à partir des années 50, Jacques Plasse, Bilou Le Caisne et Alfred Manessier, les premiers ayant leur atelier à Houx en Eure-et-Loir, le second à Émancé, à quelques kilomètres de là.

Pour l'anecdote (et parce que le monde est petit), l'atelier Plasse Le Caisne est encore visible... à deux pas de ma maison en Eure-et-Loir !

 

La statue de sainte Thérèse, l'autel, le tabernacle, la croix de fer forgé et les fonts baptismaux ont été réalisés par le sculpteur Eugène Dodeigne, dont plusieurs superbes oeuvres sont visibles au musée de La Piscine à Roubaix.

 

Le mosaïste Jean Barillet a également participé en réalisant la mosaïque de l'auvent.

Je pense qu'il s'agit du fils de Louis Barillet dont la maison-atelier a été réalisée par Robert Mallet-Stevens. Pas de certitude à ce sujet cependant...

Un lieu de ressourcement spirituel pour les artistes

Le père Renaud Wittouk y a créé en 1992 une association nommée "Reliances d'artistes". C'est un lieu de ressourcement spirituel toujours vivant pour les artistes, un creuset de fécondité artistique, un lieu d'accueil fraternel, un espace d'ouverture sur le sacré. L'association propose des expositions et des rencontres dans un esprit convivial d'écoute et de partage.

Une oeuvre menacée

Des fissures et des dégradations sont malheureusement visibles à certains endroits.

Des vitres ont déjà été posées à l'extérieur pour protéger un des murs de lumière, mais d'autres travaux restent à prévoir.

Un appel aux dons est fait pour cela par le diocèse de Lille. A bon entendeur...

 

 

 

© Flora Auvray - 2021