Un rêve à deux

J'ai été enchantée par ma visite de la maison de Marta Pan et de André Wogenscky à Saint-Rémy-lès-Chevreuse. La maison, icône des années 50, est un lieu rêvé et conçu à deux, André l'architecte et Marta la sculptrice. Une maison-atelier, sans réelles frontières entre lieux de vie et lieux de création, située dans un écrin de verdure.

André Wogenscky

De 1936 à 1956, André Wogenscky est successivement l'élève, l'assistant, le chef d'atelier, l'architecte adjoint de Le Corbusier, puis son exécuteur testamentaire à la mort de celui-ci. Il travaillera entre-autre sur la cité radieuse de Marseille et le couvent dominicain de La Tourette. Il sera également président de la Fondation Le Corbusier pendant 17 ans jusqu'en 1988. En 1956, il quittera le grand architecte et ouvrira sa propre agence. Son oeuvre sera très importante en France et à l'étranger, tant pour des particuliers que pour des commandes publiques comme la préfecture des Hauts de Seine ou la Maison de la Culture à Grenoble entre autres. Lorsque Le Corbusier mourra en 1965, il poursuivra son oeuvre. A Firminy, il terminera l'unité d'habitation et il concevra  la piscine qui complètera l'ensemble voulu par Le Corbusier. Voir l'article Firminy vert dernier grande projet de Le Corbusier  C'est entre 1951 et 1953 qu'il réalisa avec la grande complicité de sa femme Marta, cette maison-atelier dans la verdoyante vallée de Chevreuse.

Marta Pan

Après des études à l'École des beaux-arts de Budapest, Marta Pan s’installe à Paris en 1947. Elle y côtoie Brancusi, Le Corbusier et son plus proche collaborateur, André Wogenscky, qu'elle épousera en 1952. Sculptrice de talent, elle a réalisé des oeuvres présentes dans différents pays ; en Europe, aux États-Unis, au Japon, au Liban, en Arabie Saoudite... A Paris, on peut voir notamment la fontaine-labyrinthe, place des fêtes dans le 19ème, inaugurée en 1986, et qui est malheureusement peu entretenue...

La maison

La maison-atelier est un des premiers projets personnels de l’architecte et une oeuvre à deux. On y retrouve les grandes lignes du mouvement moderne des années 50 ; le toit terrasse, l’intérieur et l'extérieur en osmose, les pilotis... Au rez de chaussée, pas de cloison entre le salon, la cuisine et l’atelier de Marta. De grands panneaux coulissants aujourd'hui disparus, semblaient cependant pouvoir séparer les espaces. Si André est l'architecte, Marta travaillera certains détails, comme la main courante de l'escalier ou certaines poignées de porte... . Les matières et les couleurs peu nombreuses ont beaucoup d'importance. On les retrouve autant à l'intérieur qu'à l'extérieur ; le béton banché laissé brut, le blanc omniprésent, le bois, le rouge pour les interrupteurs, les poignées, la main courante, certains tiroirs.. Le noir pour quelques murs devant lesquels une sculpture rouge où des prototypes de sculptures blancs se détachent.

Le jardin

Dans le jardin sont placées de nombreuses oeuvres monumentales de Marta. La plupart sont en métal. En fonction de leurs emplacements, elles prennent parfois la couleurs de la végétation environnante. Ce jardin, lieu de sérénité, servait aussi à Marta pour entreposer les oeuvres avant qu'elles ne partent vers leurs destinations futures. Ils firent également construire une piscine... pour y nager, mais aussi y installer des sculptures mouvantes !

Le choix du lieu

Dans les années 1950, il n'y avait à Saint-Rémy-lès-Chevreuse que des champs et quelques maisons. La quiétude de l'environnement et la proximité avec la fonderie de Coubertin furent les raisons de leur choix. Ils voulaient un espace vraiment pour eux, pour y vivre et y travailler loin de la frénésie parisienne. Leur maison, très moderne pour l'époque, ne plut pas à tout le monde et c'est André Malraux qui dû intervenir pour éviter l'arrêt des travaux.   La fondation initiée par Marta et André permet de maintenir en état et d’ouvrir au public le jardin de sculptures et la maison. Les visites sont sur réservation, un samedi sur deux : https://www.pan-wogenscky.com